AGGLOMERATION
Terme employé depuis la révolution industrielle en Europe. Il s'agit
de l'espace bâti continûment autour d'un centre-ville, c'est donc un
terme de morphologie urbaine.
AIRE
URBAINE
Espace couvert par une ville et tous ses prolongements. Aux Etats-Unis,
les aires urbaines font l'objet de plusieurs définitions (SMSA qui correspondent
à peu près aux agglomérations ; CMSA, Consolidated Metropolitan Statistical
Area, qui sont des conurbations regroupant plusieurs SMSA). En France,
on distingue les " unités urbaines " (les villes-centres et leurs banlieues),
les ZPIU (depuis 1954, Zones de Peuplement Industriel et Urbain) qui
intègrent auxunités urbaines les communes rurales dont l'activité principale
est industrielle ou dont la majorité des actifs travaillent en ville
; face au développement de la périurbanisation, l'INSEE utilise enfin,
depuis 1990, un découpage du territoire français en " aires urbaines
" (constituées d'un pôle urbain auquel on a agrégé les communes rurales
dont au moins 40% des actifs travaillent dans l'agglomération concernée).
AMM
" [L'] ensemble de[s] villes qui contribuent à la direction du monde,
[…] un des symboles les plus forts de la globalisation liée à la concentration
des activités d'innovation et de commandement. S'y exerce la synergie
entre les diverses formes du tertiaire supérieur et du " quaternaire
" (recherche, innovation, activités de direction). L'AMM marque conjointement
l'articulation entre villes appartenant à une même région et entre grands
pôles mondiaux. D'où cette émergence de grappes de villes mondiales.
" [Olivier Dollfus 1996, p.25,27
ARCHIPEL
PLANETAIRE
L'idée d'"archipel
planétaire" s'oppose d'une certaine façon à celle du "village global".
Elle souligne l'"isolement" et la séparation au niveau "planétaire",
à l'opposé de la communauté et de la communication que suppose l'idée
de "village". Comme la "globalisation" se forge une "positivité" grâce
aux liens humains que l'on suppose étroits dans la notion de "village
global", l'"archipel planétaire" évoque les résistances à la mondialisation
par la voie des isolements. Une telle expression est délicate à valoriser
positivement, d'abord parce qu'elle rappelle "L'Archipel du Goulag"
comme symbole de la privation des libertés, mais aussi parce qu'elle
ramène à un individualisme et un égoïsme presque autistes dans lesquels
s'enracinerait le pire de ce à quoi on souhaite précisément résister.
L'idée d'"archipel" s'oppose également à celle d'"île" en ce qu'elle
désigne une pluralité unie, et non une identité isolée. Cela permet
de souligner que la "globalisation" génère l'unité par homogénéisation
des différences : elle transforme le monde en une île, elle tend a réduire
l'espace à cette "île globale" et le temps au présent dans lequel se
réalise cette "globalisation". L'idée d'archipel conserve au contraire
l'identité irremplaçable de chaque île dans l'unité de l' "archipel"
: une unité sans destruction de l'hétérogénéité. Ces remarques aident
peut être à comprendre pourquoi il est possible de parler d'"archipel"
tantôt pour se référer à la "globalisation", tantôt aux résistances
à celle-ci. Dans le premier cas il s'agit de détruire la puissante image
du "globe" (symbole de totalité, perfection et joie ; sans artistes,
c'est-à-dire sans inconvénients, contraintes, oppositions ou résistances)
en la présentant comme un chaos ou un puzzle plein de fissures, qui
exige, pour imposer le "nouvel ordre planétaire" capitaliste, une "nouvelle
guerre". Dans le deuxième cas, il s'agit de découvrir un pouvoir dans
les multiples résistances, et d'ébaucher symboliquement un mode d'unité
qui n'annule pas la multiplicité mais qui se fonde en elle.
CBD
= Central Business District
Dans les villes américaines, et par extension dans les villes correspondant
au "modèle" nord-américain, le CBD désigne le centre directionnel et
des affaires avec ses gratte-ciels et ses rues à angle droits. En général,
ce quartier n'a pas de fonction résidentielle, il est seulement composé
de bureaux et de commerces.
CONURBATION
Ensemble de villes coalescentes par extension de leurs bâtis respectifs
(développement de leurs banlieus) et entre lesquelles s'établit une
complémentarité et une répartition des fonctions. En France, seule l'ensemble
Lille-Roubaix-Tourcoing correspond à cette définition ; en Allemagne,
la Ruhr en est un bon exemple.
GLOBALISATION
Désigne un processus économique qui étend le principe libéral d'une
économie de marché à l'ensemble de la planète. Sous la loi du profit
et de la consommation, elle tend, dit-on, à rassembler la totalité des
populations, des cultures, des sociétés, en un monde. Le français nomme
ce processus "mondialisation", laissant croire que l'économie procède
à l'instauration d'un monde commun. Or qu'advient-il du monde dans ce
processus? 1. L'oikonomia, l'administration de la maisonnée, ramène
la totalité du territoire auquel elle s'applique à une même et unique
gestion domestique, celle de l'oikos, le foyer. 2. La loi du profit
soumet le monde à la voracité du vivant, transformant tout ce qui le
constitue en bien de consommation. 3. Le monde est l'ensemble hétérogène
des communautés culturelles au travers desquelles s'articule et se préserve
la pluralité des formes symboliques humaines
ILE
Au singulier "île" est un "refuge" contre l'assaut de la mer. Mais face
à l'assimilation au "continent", chaque "île" devient un refuge où résiste
l'humain face à l'asservissante "mer" globale qui engloutit tout. Chaque
"île" résiste à sa fusion indifférenciée en un continent. Chaque "île"
est un point de condensation de forces, de réserves d'énergie, d'attente
de futur ; mais elle est aussi symbole d'isolement, de solitude et de
mort. L'île maudite s'oppose à l'île bienheureuse. Celle-ci paraît inconcevable
sans le pluriel : les archipels sont toujours des "îles bienheureuses".
En définitive, il ne paraît pas gênant de penser aujourd'hui les expériences
passées et présentes de résistance à la globalisation homogénéisante
en tant qu'"archipel planétaire", conçu à la fois comme projet et comme
utopie. Mais ces résistances ne doivent ni cesser d'être archipel pour
devenir île, ni cesser d'être pluralité pour se faire unité. Au contraire,
elles doivent continuer à être îles pour "faire archipel", et se maintenir
plurielles et ouvertes pour devenir "archipel planétaire".
MACROCEPHALIE
Désigne une hiérarchie urbaine dan laquelle la première ville est d'une
taille disproportionnée par rapport aux autres villes d'un territoire,
t concentre l'essentiel des fonctions de commandement et des activités.
MEGALOPOLE
Terme d'abord appliqué à la Megalopolis nord-américaine (Gottmann 1964).
On distingue deux autres megalopolis dans le monde, au Japon et en Europe.
Le mot trouve son origine dans la Grèce Antique où il désignait le centre
de la confédération arcadienne. D'après les travaux de Gottmann, le
terme désigne aussi des ensembles urbains coalescents et surtout ayant
un fonctionnement original reposant sur des réseaux de transports et
de communication et sur une répartition régionale des fonctions. La
mégalopole est plus qu'une conurbation : elle est plus grande, plus
peuplée et des expaces ruraux importants peuvent en faire partie
MEGAPOLE
Ensemble urbain de très grande taille correspondant aux megacities de
la terminologie des Nations Unies ; on parle de mégapole à partir d'un
seuil qui s'échelonne suivant les autreus de 5 à 8 millions d'habitants.
METROPOLISATION
Phénomène de concentration des hommes et des activités dans des métropoles
de plus en plus grandes. Il est sous-entendu que le territoire national
perd de sa pertinence au cours de ce processus.
PLANÉTAIRE
Adjectif utilisé pour se référer à la totalité de notre planète, sans
avoir recours à des anglicismes exaspérants tels que "global", ou à
des termes aussi communs et ambiguës que "mondial", "terrestre", "terrien".
Ainsi cette expression d'"Archipel planétaire des luttes contre la mondialisation",
omniprésente dans les débats de Porto Alegre, désigne-telle quelque
chose comme un "archipel relatif à la planète Terre" dont le simple
fait de le nommer ainsi constitue une forme de résistance à "la globalisation".
RURBANISATION
Ce néologisme, inventé en France dans les années soixante-dix, désigne
la progression de l'habitat des citadins dans les zones rurales autour
des grandes villes. Le phénomène est à distinguer de la périurbanisation
qui est une forme urbaine à part entière.
TRANSFERTS
MODAUX
Changements motivés et permanents de modes de transport
VILLAGE
MONDIAL
Depuis MAC LUHAN s'est répandu le leitmotiv obsédant du "village mondial",
relayé par ceux pour qui "la mondialisation" et "la société de l'information"
aideraient à le construire. Mais que veut dire cette affirmation des
publicitaires et des hommes de marketing: "Le monde est un village"?
Principalement, que les frontières géographiques ont été abolies par
les "nouvelles technologies de l'information et de la communication"
(NTIC) - avec toutes les conséquences que cela peut entraîner. ..Mais
"village", ce n'est pas seulement la réduction, voire la disparition
des distances terrestres : le mot est aussi bien synonyme de familiarité.
Village mondial signifie que plus rien de ce monde ne nous serait vraiment
étranger, que presque tout, au contraire, nous en serait connu ou connaissable.
D'un autre point de vue, le monde actuel ressemble à tout sauf à "un
village"... En effet, tout se passe - avec cette expression - comme
s'il fallait à tout prix "humaniser" les rencontres déshumanisées de
ce temps. On met un peu de village dans le monde afin de le rendre aimable
- précisément parce qu'il ne l'est pas. Pour lever la confusion, on
choisira donc plutôt de parler de "village dans le monde" que de "village
mondial". Village dans le monde, c'est l'idée très différente que le
monde présent engendre des communautés transnationales regroupant -
au-delà des barrières géographiques, linguistiques, culturelles - tous
ceux qui ont des activités, des modes et conditions de vie comparables,
qui le savent et en parlent entre eux -